La biodiversité sur la plaine

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Haies : le bilan des plantations

Depuis l'émergence du projet Ferme de Sarliève, des chantiers de plantation d'arbustes et d’arbres ont permis la réalisation de 3360 mètres linéaires de haie.

La haie citoyenne : “plantée pour et par les citoyens”. Composée actuellement de plus de 40 espèces d’arbres. Elle longe le chemin citoyen qui relie la rue de la Rasa à l’Espace citoyen situé au coeur du parcellaire de la ferme. Un lieu emblématique de la renaturation sur la plaine.

L'ensemble de ces plantations a été réalisé dans le cadre de chantiers citoyens dont 4 grands chantiers hivernaux de week-end ayant rassemblé jusqu'à 150 personnes. Les arbres ont été soit collectés par des chantiers citoyens soit  financés par la Mission Haie (Conseil Départemental) et le programme Renaturaction mais encore par Terre de Liens Auvergne, ou dans le cas des noisetiers par la ferme. Ces haies ont des compositions diverses et des fonctions multiples : coupe-vent, ombrage, anti-pollution, stockage de carbone, accueil de biodiversité végétale et animale, production (fruits, bois, osier, etc.), sensibilisation, etc.

Ci-dessous une carte de situation et une description succincte de ce linéaire de haies au printemps 2024.

D’après nos projections, pour les années à venir, il nous reste près de 4 kilomètres de haie et d’alignement d’arbres à planter. D’autres chantiers - citoyens ou plus professionnels - sont donc à prévoir et dès l’hiver prochain ! Et puis, nous commençons à réfléchir dans une démarche d’agroforesterie plus générale à planter des arbres sur les parcelles en culture, mais ceci est une autre histoire…

La Haie du Grand Noalhat Est, plantée en janvier 2023. Vue vers le Sud et la commune du Cendre. La haie est bien occupée par la grande cardère qui se plait beaucoup sur la plaine. Cette plante est une bisannuelle (les spécimens au premier plan sont dans leur première année de croissance). La grande cardère, appelée aussi “cabaret des oiseaux” pour les réservoirs d’eau qu’elle héberge à la base de ses feuilles, est très appréciée des passereaux granivores comme les chardonnerets.




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Une plante de bord de mer sur la plaine de Sarliève

En dépit de sa pauvreté apparente en espèces végétales, la plaine de Sarliève offre quelques surprises.

La découverte de la garance tinctoriale, au beau milieu des roseaux bordant une rase en est une. On sait que cette plante avait été cultivée au XIXe siècle à Sarliève et nous serons très vigilants pour préserver les quelques spécimens témoins de ce passé de la plaine. Merci à notre ami Gérard Guillot pour cette découverte qu’il a relatée en détails dans un article de son blog Zoom Nature.

C’est également à Gérard que l’on doit la découverte, dans une des rases perpendiculaire à la Grande Rase de Sarliève, d’une station unique d’une herbe rare à l’intérieur des terres : le souchet maritime. Plutôt connue dans les habitats côtiers - marais salés, prés salés, etc - où elle est commune, cette plante discrète témoigne de la présence d’eaux salées circulant dans le sous-sol de Sarliève. Il existe d’ailleurs une source salée au Nord de la Plaine, pas très loin de la gare. Par ailleurs, lorsque nous avons réalisé un forage à la recherche d’eau, nous en avons bien trouvé, mais impropre à l’irrigation  en raison de sa salinité.

Un échantillon de souchet maritime, provenant d’une rase de la ferme de Sarliève, désormais dans les collections des Herbiers Universitaires de Clermont-Ferrand.

Le souchet maritime a trois exigences écologiques majeures. D’abord, il vit « les pieds dans l’eau » tout en développant ses parties aériennes hors de l’eau : il fait donc partie des plantes dites hélophytes (« plantes de marais ») ; il habite donc des sites allant de humides à inondés temporairement ou en permanence mais avec pas plus d’un demi mètre de hauteur d’eau ; au niveau de l’écoulement des eaux, il n’accepte au plus que les faibles débits comme dans les fossés. S’il supporte bien la submersion de ses parties souterraines, il tolère l’assèchement temporaire lors des épisodes estivaux de sécheresse : ses organes souterrains entrent en dormance si la situation à sec perdure en attendant le retour de l’eau. 

Seconde exigence : il recherche des substrats assez riches en nutriments qui lui permettent de développer ses tiges assez grandes et surtout ses organes souterrains. Ainsi, il recherche des substrats vaseux et peut même pousser sur des vases noires asphyxiantes (anaérobies, i.e. presque dépourvues d’oxygène). 

Enfin, originalité majeure, il a besoin soit de sols un peu salés (riches en sels minéraux) ou d’une eau saumâtre peu profonde. En cela, on peut donc le classer parmi les plantes halophytes, i.e. tolérantes au sel et capables de pousser sur des sols salés toxiques pour les plantes ordinaires.”

extrait de : Gérard Guillot - Le souchet maritime dans la plaine de Sarliève

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Oiseaux nicheurs de la plaine : comment les préserver

Notice de gestion des Oiseaux  (F. Guélin, LPO) - décembre 2022

Evaluation du patrimoine et définition des objectifs

1. Évaluation de la valeur patrimoniale

Pour les oiseaux, une étude complète de toute la plaine de Sarliève a été effectuée en 2021 par JJ. Lallemant et F. Guélin, par la méthode des quadrats (cartographie des territoires), sur 190 hectares, comprenant les terrains de la Ferme de Sarliève. Ce travail a permis d’obtenir la liste très complète des espèces nicheuses et de leur densités (Doc ci-dessous).

 Doc : Les 15 espèces nicheuses et leurs densités (les 4 espèces les plus abondantes sont surlignées en vert)

Quatre espèces composent la majeure partie du peuplement avien (environ 94 % des 296 territoires recensés) : l’Alouette des champs, la Bergeronnette printanière, le Bruant des roseaux et la Rousserolle effarvatte. Les autres espèces sont des oiseaux des milieux arbustifs ou arborés, avec de faibles densités (< 7 territoires pour 190 ha), et qui représentent donc moins de 7 % de l’avifaune du site (Merle noir, Fauvette à tête noire, Tarier pâtre ...).

L’essentiel du peuplement avien (en nombre de couples) revient aux Rousserolles effarvattes : la fourchette de population de cette espèce est de 140 à 197 couples, soit les deux-tiers du total (qui est de 223 à 296 couples sur 190 ha). De plus, ces Rousserolles sont concentrées sur une surface infime de la plaine :  avec 5500 m de longueur sur 5 m de large, la surface totale des roselières fait seulement 2,75 ha (1,5 % de la surface de la plaine concentre donc plus des deux tiers des populations d’oiseaux !). Cette espèce atteint sur le site des densités assez exceptionnelles, notamment sur les « rases » qui possèdent les caractéristiques suivantes :

- présence d’eau permanente

- double rangée de roseaux

- présence de roseaux secs

- présence de bandes enherbées parallèles aux haies de roseaux

 Pour le Bruant des roseaux, espèce en voie de diminution forte en France et en Auvergne, c’est également la structure linéaire des fossés à roseaux qui est importante : de plus, cette espèce nous semble semi-coloniale sur le site, ce qui dépend probablement d’une grande continuité des zones de roseaux (les roselières morcelées seraient moins attractives). Enfin, l’Alouette des champs et la Bergeronnette printanière atteignent des densités intéressantes pour la région.

2. Définition des objectifs de gestion

 L’objectif est de conserver l’état des populations des deux espèces les plus intéressantes de Sarliève : la Rousserolle effarvatte et le Bruant des roseaux. La Rousserolle n’est pas menacée, ce sont ses densités exceptionnelles qui méritent d’être maintenues. Ces densités dépendent de la qualité du linéaire de roseaux : doubles rangées avec roseaux secs. La qualité de l’eau intervient peut-être à un moindre degré sur l’aspect alimentaire. Enfin les bandes enherbées jouent un rôle dans l’alimentation si elles subsistent jusqu’en juin. Pour le Bruant, nous préconisons les mêmes objectifs, cette espèce étant liée au même habitat que la Rousserolle.

3. Actions proposées

 3.1. Sur les roselières :

Un linéaire important de roselières est identifié sur les terrains de la Ferme de Sarliève : sur le document ci-dessous les zones de roseaux sont notées en vert (en jaune dans les secteurs de reconquête). Elles ont une longueur totale de 2500 mètres, presque toutes en double rangée.

Préconisations :

- une fauche tous les 4 ans pour éviter la pousse des arbustes (cornouillers par exemple) (soit environ 600 m par an)

- une fauche d’une rangée sur deux pour garder la continuité du milieu

- une période de fauche hors nidification des oiseaux , entre octobre et février.

- un bilan régulier, avec un intervalle de quelques années entre chaque comptage – à déterminer - sur l’évolution des deux espèces phare : rousserolle et bruant.

3.2. Sur les bandes enherbées

 La préconisation est simple : il s’agit de les maintenir avec une fauche la plus tardive possible :  les oiseaux nicheurs des rases sont insectivores, et utilisent ces bandes enherbées pour leur alimentation jusqu’en juin.

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> Les oiseaux nicheurs sur la Plaine de Sarliève (2)

“Recensement par quadrat de l’avifaune nicheuse d’une plaine agricole avec fossés humides de Limagne clermontoise (63) au printemps 2021.”

par

François Guélin & Jean-Jacques Lallemant

(publié dans la revue de la LPO Auvergne, Le Grand Duc)

Résumé : Un recensement cartographique (quadrat) mené au printemps 2021 sur 190 ha de plaine agricole intensive entrecoupée de 5,5 km de fossés avec roseaux, en Limagne clermontoise (63), a permis de trouver 15 espèces nicheuses. Parmi elles, l’Alouette des champs (31 à 38 territoires/190 ha) montre une bonne densité. Les autres espèces dominantes sont la Bergeronnette printanière qui compte 32 territoires/190 ha, la Rousserolle effarvatte 140 à 197 territoires/190 ha ou 25 à 36 territoires/km de roselière, et le Bruant des roseaux 8 territoires/190 ha. Cette dernière espèce doit faire l’objet d’une attention toute particulière dans le cadre de la future exploitation en agriculture biologique d’une partie du site, car elle est en voie de disparition en Auvergne.

téléchargement de l’article complet :

Le Grand-Duc 90 : 9-21







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> Les oiseaux nicheurs sur la Plaine de Sarliève (1)

L’étude de l’avifaune est ouverte depuis  le 25 mars 2021, avec une première sortie d’observation sur l’espace retenu (environ 105ha, soit tout le sud de cette plaine). Il s’agit en fait d’un recensement des espèces nicheuses, qui aboutira aux nombres de couples nicheurs installés ce printemps 2021. Cela s’appelle faire un « quadrat » - ou aussi, « méthode des plans quadrillés ».

En résumé, il s’agit de mener des sorties pendant lesquelles on doit noter (sur un plan du site retenu), TOUTES les observations faites en les localisant très précisément (en notant à chaque fois : quelle espèce +  quelques informations simples sur le comportement ?).  Au terme d’une douzaine de parcours durant la saison de nidification – ici, de mi-mars à fin mai – il est obtenu des « nuages » de points d’observation de telle et telle espèce, qu’il faut interpréter / traduire en nombre de territoires occupés par un couple pour la reproduction. Au bilan, ces territoires sont donc cartographiés sur le plan de l'espace retenu.

Un peu de technique :

La méthode des « quadrats » (ou « plans quadrillés ») a été définie par les Anglo-Saxons et les scandinaves dans les années 1930. En France,  il a fallu attendre les années 60 pour la réalisation des premiers.

En règle générale, les surfaces choisies pour ces recensements sont inférieures à 20ha. Cela dépend de la complexité du milieu choisi. Une forêt, un marais, un bocage, une ville… sont plus compliqués à dénombrer qu’un « openfield » (vastes espaces sans arbres), comme les espaces agricoles céréaliers ou prairiaux.

En Europe de l’Ouest, la plupart des dénombrements sont menés sur des surfaces de l’ordre de 10-12 ha. Il est alors fréquent d’y observer moins de 20-22 espèces nicheuses. Au-delà d’une telle valeur, l’endroit étudié peut être qualifié de « riche ». Il est rare d’approcher ou dépasser 25 espèces nicheuses. Enfin, il est exceptionnel d’approcher 30 espèces.

Ici, le résultat d'un quadrat de 110ha à Cournon (Puy d'Anzelle + coteau des Vaugondières) qui concerne l'Alouette des champs

Le quadrat de 2000 (à gauche) montre que ces 110ha abritaient : 18 couples d'Al des ch. certains (en vert) + 3 couples incertains (blancs). Ce même quadrat refait en 2017 (à droite) n'abritait plus que 7 couples certains et 1 "incertain"

Voilà donc un exemple de l'intérêt d'avoir un "état zéro" d'un site... et mieux, le refaire / le reprendre 10 ans, 20 ans, 35 ans + tard!

Comment peut-on en arriver à de tels résultats ? L’explication la plus simple est que cette méthode se base sur la propension de la majorité des oiseaux nicheurs de s’installer un espace délimité (par couple) pour la reproduction (à l’inverse de ceux qui nichent en colonie). Chacun d’entre eux définit alors son espace vital où il doit pouvoir se nourrir et mener à bien l’élevage de sa nichée. Ce territoire est alors défendu contre les congénères de la même espèce. 

C’est une méthode avec laquelle on obtient une vision correcte du nombre de couples des x espèces occupant la zone choisie : un  « état zéro » de l’avifaune nicheuse, tel printemps.

Comme le projet de la ferme de Sarliève va bouleverser le modèle agricole en place à partir de 2022, le paysage local sera très modifié en quelques années. Par exemple, les 450m de haie plantés fin février, ne sont qu’un petit prémisse des évolutions radicales qui vont intervenir. Aussi cet « état zéro » des oiseaux nicheurs deviendra aussitôt une référence intéressante à observer dans ses évolutions. Il faudra réaliser de nouveaux quadrats, sur ce même espace, dans 10, 15… ans pour constater les impacts des volontés économiques mises en œuvre sur cette plaine sur les oiseaux.

Depuis le 25 mars, déjà 3 sorties « quadrat » ont été faites. Les Alouettes des champs étaient déjà présentes et le nombre de couples cantonnés commence à « se dessiner ». Elle sera de toute évidence une des espèces nicheuses les plus abondantes. La Bergeronnette printanière est apparue à la sortie du 1er avril, de retour d’Afrique subsaharienne. A la sortie du 8 avril…des mâles se cantonnaient et chantaient déjà. Pour elle, il faudra attendre fin avril pour commencer à visualiser un nombre de couples installés…  Un autre exemple : entre les sorties du 25/03 et du 01/04, le nombre potentiel de territoires de Tariers pâtres est passé de 1 à 3.

Vous le comprenez : les oiseaux sont tous en cours d’installation. Certains ne sont pas encore revenus de leurs quartiers d’hiver africains ou méditerranéens… comme les Rousserolles effarvattes. Certains ne feront que passer comme le Tarier des prés (un vu le 8/04) ou l’Hirondelle rustique, car ce lieu ne leur convient pas ! D’autres encore n’ont pas quitté la plaine de Sarliève, qui est leur territoire d’hivernage. C’est le cas de la Bécassine des marais, vue à chacune des 3 sorties, ou du rouge-gorge (un vu encore le 01/04)

C’est un des grands intérêts de ce type d’études : observer et visualiser qui s’installe ? et où ?, et comment ?, et pourquoi ? Puis au bilan, de révéler que tel espace est capable de nourrir 30 couples de 8 espèces… ou plus de 150 couples de 24 espèces !

Ici, de gauche à droite : Becassine des marais, la Bergerotte printanière, mâle Tarier pâtre

Qu’en sera-t-il de l’avifaune nicheuse de « la plaine de Sarliève » au terme de ce quadrat 2021 ? Puis en 2031 quand il sera reconduit ?  Il ne faut pas cacher que les oiseaux de « la plaine de Sarliève » sont mal connus dans leur globalité. D’emblée, de tels  paysages agricoles n’attirent pas les naturalistes et les archives du passé pour cet endroit sont fort maigres !

Aussi, il est urgent de poursuivre et conclure ce premier quadrat d’ici fin mai. A suivre !

JJ LALLEMANT – 11 avril 2021

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