Oiseaux nicheurs de la plaine : comment les préserver

Notice de gestion des Oiseaux  (F. Guélin, LPO) - décembre 2022

Evaluation du patrimoine et définition des objectifs

1. Évaluation de la valeur patrimoniale

Pour les oiseaux, une étude complète de toute la plaine de Sarliève a été effectuée en 2021 par JJ. Lallemant et F. Guélin, par la méthode des quadrats (cartographie des territoires), sur 190 hectares, comprenant les terrains de la Ferme de Sarliève. Ce travail a permis d’obtenir la liste très complète des espèces nicheuses et de leur densités (Doc ci-dessous).

 Doc : Les 15 espèces nicheuses et leurs densités (les 4 espèces les plus abondantes sont surlignées en vert)

Quatre espèces composent la majeure partie du peuplement avien (environ 94 % des 296 territoires recensés) : l’Alouette des champs, la Bergeronnette printanière, le Bruant des roseaux et la Rousserolle effarvatte. Les autres espèces sont des oiseaux des milieux arbustifs ou arborés, avec de faibles densités (< 7 territoires pour 190 ha), et qui représentent donc moins de 7 % de l’avifaune du site (Merle noir, Fauvette à tête noire, Tarier pâtre ...).

L’essentiel du peuplement avien (en nombre de couples) revient aux Rousserolles effarvattes : la fourchette de population de cette espèce est de 140 à 197 couples, soit les deux-tiers du total (qui est de 223 à 296 couples sur 190 ha). De plus, ces Rousserolles sont concentrées sur une surface infime de la plaine :  avec 5500 m de longueur sur 5 m de large, la surface totale des roselières fait seulement 2,75 ha (1,5 % de la surface de la plaine concentre donc plus des deux tiers des populations d’oiseaux !). Cette espèce atteint sur le site des densités assez exceptionnelles, notamment sur les « rases » qui possèdent les caractéristiques suivantes :

- présence d’eau permanente

- double rangée de roseaux

- présence de roseaux secs

- présence de bandes enherbées parallèles aux haies de roseaux

 Pour le Bruant des roseaux, espèce en voie de diminution forte en France et en Auvergne, c’est également la structure linéaire des fossés à roseaux qui est importante : de plus, cette espèce nous semble semi-coloniale sur le site, ce qui dépend probablement d’une grande continuité des zones de roseaux (les roselières morcelées seraient moins attractives). Enfin, l’Alouette des champs et la Bergeronnette printanière atteignent des densités intéressantes pour la région.

2. Définition des objectifs de gestion

 L’objectif est de conserver l’état des populations des deux espèces les plus intéressantes de Sarliève : la Rousserolle effarvatte et le Bruant des roseaux. La Rousserolle n’est pas menacée, ce sont ses densités exceptionnelles qui méritent d’être maintenues. Ces densités dépendent de la qualité du linéaire de roseaux : doubles rangées avec roseaux secs. La qualité de l’eau intervient peut-être à un moindre degré sur l’aspect alimentaire. Enfin les bandes enherbées jouent un rôle dans l’alimentation si elles subsistent jusqu’en juin. Pour le Bruant, nous préconisons les mêmes objectifs, cette espèce étant liée au même habitat que la Rousserolle.

3. Actions proposées

 3.1. Sur les roselières :

Un linéaire important de roselières est identifié sur les terrains de la Ferme de Sarliève : sur le document ci-dessous les zones de roseaux sont notées en vert (en jaune dans les secteurs de reconquête). Elles ont une longueur totale de 2500 mètres, presque toutes en double rangée.

Préconisations :

- une fauche tous les 4 ans pour éviter la pousse des arbustes (cornouillers par exemple) (soit environ 600 m par an)

- une fauche d’une rangée sur deux pour garder la continuité du milieu

- une période de fauche hors nidification des oiseaux , entre octobre et février.

- un bilan régulier, avec un intervalle de quelques années entre chaque comptage – à déterminer - sur l’évolution des deux espèces phare : rousserolle et bruant.

3.2. Sur les bandes enherbées

 La préconisation est simple : il s’agit de les maintenir avec une fauche la plus tardive possible :  les oiseaux nicheurs des rases sont insectivores, et utilisent ces bandes enherbées pour leur alimentation jusqu’en juin.

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